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de l’appartement du nord, que depuis la mort de la marquise ou tenoit fermé, il fut aisé d’y réussir. La concierge et son mari, les seules personnes qui habitassent le château, furent si effrayés des bruits étranges qu’ils entendoient, qu’ils refusèrent d’y vivre plus long-temps. Le bruit se répandit bientôt qu’il revenoit au château ; et tout le pays le crut d’autant plus aisément, que la marquise étoit morte d’une manière fort étrange, et que le marquis, depuis ce moment, n’étoit jamais revenu.

— Mais quoi ! dit Emilie, comment tous ces pirates ne se contentoient-ils pas de la cave, et pourquoi jugeoient-ils nécessaire de déposer leurs vols dans le château  ?

— La cave, mademoiselle, reprit Ludovico, étoit ouverte à tout le monde, et leurs trésors eussent bientôt été découverts. Sous la voûte ils étoient en sûreté, tant que l’on redouteroit le château. Il paroît donc qu’ils y apportoient à minuit les prises qu’ils avoient faites sur mer, et qu’ils les y gardoient jusqu’à ce qu’ils pussent s’en défaire avantageusement. Ces pirates étoient liés avec des contrebandiers et des bandits qui vivent dans les Pyrénées, et font un trafic tel qu’on ne sauroit se l’imaginer. C’est avec cette horde de bandits que je restai