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prit aussi vivement qu’ils l’avoient fait à ses sens, et tout sentiment étoit banni de son cœur, excepté le désespoir et l’amour.

Avant que la soirée fut finie, il revint chez Thérèse pour entendre parler d’Emilie, et se trouver dans le lieu qu’elle venoit d’occuper. La joie que sentit et exprima la vieille servante fut bientôt changée en tristesse, quand elle eut observé ses regards égarés et la profonde mélancolie qui l’accabloit.

Après qu’il eut écouté fort long-temps ce qu’elle avoit à lui dire d’Emilie, il donna à Thérèse tout l’argent qu’il avoit sur lui, quoiqu’elle voulût le refuser, et l’assurât que sa maîtresse avoit pourvu à ses besoins. Il tira ensuite de son doigt un anneau de prix, et le lui remit, en la chargeant expressément de le présenter à Emilie. Il la faisoit prier, comme une dernière faveur, de le conserver pour l’amour de lui, et de se souvenir quelquefois, en le regardant, du malheureux qui le lui envoyoit.

Thérèse pleura en recevant l’anneau, mais c’étoit plutôt d’attendrissement que par l’effet d’aucun pressentiment. Avant qu’elle eût pu répliquer, Valancourt étoit parti ; elle le suivit jusqu’à la porte, en