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doit qu’il méritoit cette punition. Quand le vieux Grégoire le sommelier apprit cela, il fit faire un bâton ferré pour aller à Paris visiter son jeune maître ; mais on sut presqu’aussitôt que M. Valancourt revenoit. Oh ! quelle joie à son retour ! Il étoit fort changé pourtant ! Monsieur le reçut froidement, et il étoit bien triste ! Il repartit ensuite, et tout à coup, pour le Languedoc, et depuis ce moment, dit Gabriel, nous ne l’avons pas aperçu.

Thérèse se tut. Emilie soupiroit, et ses regards ne quittaient pas la terre. Après une très-longue pause, elle demanda ce que Thérèse savoit encore. — Mais pourquoi le demander ? ajouter-t-elle. Vous m’en avez trop dit. Ô Valancourt ! tu es perdu, perdu pour jamais. C’est moi, c’est moi qui t’ai donné la mort. Ces paroles, ce ton de désespoir alarmèrent la pauvre Thérèse ; elle craignit que ce coup terrible n’eût affecté le cerveau d’Emilie. — Ma chère demoiselle, tranquillisez-vous, dit elle ; ne dites pas ces choses-là : vous, tuer M. Valancourt, chère dame ! Emilie ne répondit que par un profond soupir.

— Ô ma chère demoiselle, reprit Thérèse, mon cœur se brise de vous voir en cet état, les regards fixes, le teint si pâle, et