sait que je viens chez vous, cela donnera de la curiosité, et cela me feroit de la peine. Je viendrai quand on ne pourra pas m’observer. J’ai peu de loisir dans le jour. J’en ai bien long à dire. Si vous voulez, mademoiselle, je viendrai quand tout le monde dormira.
— Cela me convient, dit Emilie, souvenez-vous-en. À ce soir.
— Oui, reprit Dorothée, je m’en souviendrai. Mais je crains, mademoiselle, de ne pouvoir venir ce soir ; car on dansera aujourd’hui à cause de la vendange. Il sera tard avant que les domestiques se retirent ; et quand une fois l’on danse à la fraîcheur, cela dure jusqu’au matin. Au moins cela étoit ainsi de mon temps.
— Ah ! c’est la fête de la vendange, dit Emilie avec un profond soupir ; elle se ressouvint que c’étoit le soir de cette fête que, l’année précédente, Saint-Aubert et elle s’étoient trouvés dans le voisinage du château de Blangy. Elle se tut un moment, frappée de ce souvenir. — Mais cette danse, ajouta-t-elle, se fera en plein air ; on n’aura pas besoin de vous, et vous pourrez venir me trouver.
Dorothée répondit qu’elle étoit dans l’usage d’assister à la danse, et qu’elle ne