Emilie se lève pour examiner les dessins. Quelques vers en langue provençale, qui se trouvoient au bas, faisoient reconnoître les aventures de quelque roman célèbre. Dorothée étant un peu rassurée, ouvrit enfin la fatale porte. Emilie se trouva dans une chambre fort élevée, tendue d’une tapisserie sombre, et si spacieuse, que la lueur de la lampe n’en montroit pas toute l’étendue. Dorothée, en entrant, s’étoit jetée sur une chaise, poussoit de profonds soupirs, et osoit à peine regarder un lieu si affligeant pour elle. Emilie, au travers de l’obscurité, remarqua le lit où l’on disoit que la marquise étoit morte. Elle s’avança vers le fond de la chambre où il étoit, et distingua la housse de damas vert et les rideaux qui venoient jusqu’en bas en façon de tente, et qui étoient restés à demi-tirés, comme on les avoit laissés sans doute vingt ans auparavant. On avoit jeté sur le lit un grand drap de velours noir, qui le couvroit tout entier, et tomboit jusqu’à terre. Emilie frémit en approchant la lampe ; elle regardoit entre ces sombres rideaux, s’attendant presque à y voir une figure humaine. Elle se rappela soudain l’horreur qu’elle avoit éprouvée, en découvrant madame Montoni mourante dans une tour à Udol-