de le revoir bientôt, luttoit en elle avec ses craintes.
Elle resta à la fenêtre, toujours prête à écouter, jusqu’au moment où l’air se rafraîchit, et où la plus haute montagne se colora des premières teintes de l’aurore. Emilie, fatiguée, retourna à son lit : elle ne put y trouver le sommeil ; la joie, la tendresse, le doute, l’appréhension, l’avoient occupée toute la nuit. Elle se relevoit souvent, ouvrait sa fenêtre, écoutoit ; et après avoir vivement traversé la chambre, elle retournoit tristement à son chevet. Jamais heures ne lui parurent si longues que celles de cette nuit fatigante : elle espérait voir revenir Annette, et recevoir d’elle une certitude quelconque, qui mît un terme à ses tourmens actuels.
CHAPITRE V.
Emilie, dans la matinée, fut délivrée des craintes qu’elle avoit conçues pour Annette. Elle la vit entrer de bonne heure.
— Il s’est fait de belles choses au château la nuit derrière ! mademoiselle, lui dit-elle en entrant ; il s’est fait de belles choses !