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vous soyez témoin d’une affaire que je termine avec mon ami Orsino. Tout ce qu’on demande de vous, c’est de signer ce papier. Il en prit un, en marmota quelques lignes, le remit sur la table, et lui donna une plume. Elle la prit, et alloit écrire. Le dessein de Montoni lui vint soudainement à l’esprit comme un trait de lumière. Elle trembla, laissa tomber sa plume, et refusa de signer sans lire. Montoni affecta de sourire ; et, reprenant le papier, il feignit de lire une seconde fois, ainsi que déjà il l’avoit fait. Emilie frémit de son danger, et, surprise elle-même de cet excès de crédulité qui avoit pensé la trahir, elle refusa positivement toute espèce de signature. Montoni, quelque temps, continua ses plaisanteries ; mais quant à sa persévérance, il comprit qu’elle le devinoit ; il changea sa manière, et lui commanda de le suivre. Dès qu’ils furent seuls, il lui dit qu’il avoit voulu, et pour elle et pour lui, prévenir un débat inutile dans une affaire où sa volonté étoit la justice, et sauroit devenir une loi ; qu’il aimoit mieux la déterminer que la contraindre, et qu’il falloit qu’elle remplît son devoir.

Moi, comme l’époux de la feue signora Montoni, ajouta-t-il, je deviens l’héritier