Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’allois souvent au lit pour lui parler, mais elle me paroissoit endormie. Tout à coup, à la fin, j’entendis un bruit singulier ; j’allai à elle, elle se mouroit.

Emilie, à ce récit, ne put retenir ses larmes ; elle ne douta pas que le violent changement produit dans l’air par cet orage, ne fut devenu trop funeste à l’épuisement de madame Montoni.

Après une courte délibération, elle décida que Montoni ne seroit pas informé de l’événement avant le lendemain matin ; elle pensoit qu’il lui échapperoit quelques expressions inhumaines ; et que, dans l’état actuel de ses esprits, elle ne pourroit pas les soutenir. Avec la seule Annette, que son exemple encourageoit, elle commença l’office des morts, et veilla toute la nuit auprès du corps de sa tante. Cet acte solennel étoit rendu encore plus imposant par l’effrayante secousse que la foudre en courroux donnoit à la nature. Emilie pria le ciel de répandre sur elle sa force et ses secours, et le Dieu des consolations entendit sa fervente prière.