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Emilie ne la quitta pas jusque long-temps après minuit ; elle seroit restée davantage, si sa tante ne l’eût conjurée d’aller prendre un peu de repos : elle obéit d’autant plus volontiers, que la malade lui paroissoit soulagée. Elle donna à Annette les mêmes instructions que l’autre nuit, et se retira dans son appartement. Ses esprits étoient agités ; elle n’auroit pas pu s’endormir, et elle préféra de surveiller cette mystérieuse apparition, qui lui causoit tant d’alarme et tant d’intérêt.

C’étoit alors la seconde garde, et l’heure où la figure avoit déjà paru. Emilie entendit les sentinelles qui se relevoient ; et quand tout fut rentré dans le calme, elle reprit sa place à la fenêtre, et mit sa lampe de côté, afin de ne pas être aperçue. La lune donnoit une lumière foible et incertaine ; d’épaisses vapeurs l’obscurcissoient, et quand elles rouloient sur son disque, les ténèbres étoient absolues. Dans un de ces sombres momens, elle remarqua une flamme légère qui voltigeoit sur la terrasse ; pendant qu’elle regardoit, la flamme s’évanouit. La lune se montrant au travers de nuages plombés et chargés de tonnerres, Emilie contempla les cieux ; de nombreux éclairs sillonnoient une nuée noire, et répandoient