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vra pas jusqu’au dernier moment. Souffrez qu’on la reporte à son appartement, et qu’on lui procure sans délai tous les soulagemens nécessaires.

À quoi cela servira-t-il, si elle se meurt ? dit Montoni avec une apparente indifférence.

— Cela servira, monsieur, a vous épargner quelques-uns des remords que vous souffrirez certainement, lorsque vous serez dans sa situation. — Montoni fit comprendre à la triste Emilie toute l’imprudence de son indignation ; il lui donna l’ordre absolu de s’éloigner à l’instant de sa présence. Mais uniquement occupée de la pitié que lui inspiroit sa tante, et la voyant mourir sans secours, Emilie se soumit à s’humilier devant Montoni, et employa tous les moyens de persuasion, pour le fléchir en faveur de son épouse.

Pendant long-temps il résista à ses paroles et à ses regards. Mais à la fin, la pitié, qui sembloit avoir emprunté les traits expressifs d’Emilie, réussit à toucher son cœur. Il se tourna, honteux d’un bon mouvement : et tour à tour inflexible, attendri, il consentit qu’on la remît chez elle, et qu’Emilie pût lui rendre des soins. Craignant tout à la fois, et que ce secours ne vînt trop tard,