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rive. — Vous expliquerez ces circonstances au chevalier, Ludovico, dit Emilie. Je remets tout à son jugement et à la possibilité. Dites-lui que mon cœur est le même ; et surtout voyez-le aussitôt que vous le pourrez. Il est superflu de vous dire, Ludovico, avec quelle impatience je vous attendrai. Ludovico lui souhaita le bonsoir et descendit. Emilie se coucha, mais non pas pour dormir. La joie la tenoit éveillée comme l’avoit fait la douleur. Montoni, son château, s’étoient évanouis devant elle comme une horrible vision fantastique, et son imagination n’étoit ouverte qu’aux douces illusions du bonheur.

Une semaine s’écoula avant que Ludovico rentrât dans la prison. Les sentinelles, durant cet espace de temps, étoient des hommes en qui il ne pouvoit se confier, et il craignoit d’éveiller leur curiosité, en demandant à voir leur captif. Pendant cet intervalle, il communiqua à Emilie d’affreux rapports de ce qui se passoit au château : débauches, querelles, entretiens de plus en plus alarmans. D’après quelques circonstances qu’il lui apprit, Emilie douta sérieusement que Montoni comptât jamais la relâcher, et craignit même qu’il n’eût toujours sur elle les desseins que d’abord elle avoit