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compagner. Elle prit Maddelina, et sortit suivie de Bertrand, qui lui laissa le choix du chemin. Le temps étoit doux et frais ; Emilie ne put voir sans plaisir la belle contrée qui l’entouroit. Le ciel pur et brillant étoit d’un bleu d’azur que doroient au couchant les derniers rayons de l’astre du jour. Des traits de feu frappoient encore la cime des plus grands arbres, et la pointe des roches les plus élevées. Emilie suivit le cours du ruisseau, marchant à l’ombre des bois qui le bordoient. Sur la rive opposée, quelques brebis blanches comme la neige décoroient la verdure. Au-delà se voyoient des bosquets de citronniers et d’orangers, chargés de fleurs et de fruits dorés. Emilie marcha vers la mer, qui réfléchissoit tous les feux du couchant. La vallée se terminoit à droite par un cap fort élevé, dont le sommet élancé au-dessus des vagues, supportait une tour en ruines : elle servoit alors de phare ; ses créneaux brisés, les oiseaux de mer, dont elle étoit le refuge, et qui voltigeoient autour d’elle, recevoient encore la lumière du soleil, dont le disque avoit disparu sous les eaux ; et les fondemens de l’édifice, ainsi que le rocher qui lui servoit de base, étoient déjà couverts des ombres du crépuscule.