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ne put sans plaisir contempler la beauté de la vallée, qui lui sembloit entrecoupée de bois, de prairies et de terres cultivées ; elle étoit couronnée au nord et à l’orient par l’amphithéâtre des Apennins. Au couchant et au sud, le paysage s’étendoit dans les belles plaines de la Toscane.

— Voilà la mer au-delà, dit Bertrand, comme s’il avoit deviné qu’Emilie examinoit les objets que le clair de lune lui permettoit d’apercevoir ; elle est au couchant, quoique nous ne puissions la distinguer.

Emilie aperçut déjà une différence dans le climat. Ce n’étoit plus la température des montagnes affreuses qu’elle quittoit ; on descendoit toujours, et l’air la parfumoit des odeurs de mille plantes qui parsemoient la pelouse, et dont la dernière pluie augmentoit l’exhalaison. Le pays qui l’environnoit annonçoit une beauté si douce ; elle contrastoit si fortement avec la grandeur effrayante des lieux où elle s’étoit vue confinée, et avec les mœurs de ceux qui les habitoient, qu’Emilie se crut transportée à la Vallée, sa demeure chérie : elle s’étonnoit que Montoni l’eût envoyée dans cette contrée charmante, et ne pouvoit croire qu’un théâtre si enchanteur fût choisi pour le théâtre d’un crime. Hélas ! ce n’étoit pas