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tôt après l’avertir de descendre à la grande cour, où les mules et les conducteurs l’attendoient. Emilie essaya vainement de consoler Annette, qui, fondant en larmes, persistoit à répéter qu’elle ne reverroit jamais sa chère demoiselle. Emilie pensoit en elle-même que sa crainte n’étoit que trop fondée. Elle s’efforça pourtant de la calmer, et lui fit ses adieux avec une sérénité apparente. Annette la suivit dans les cours, où les préparatifs réunissoient la foule. Elle la vit monter sur sa mule, partir avec les conducteurs, et elle rentra au château pour y pleurer encore.

Emilie, pendant ce temps, regardoit les sombres cours du château. Ce n’était plus ce silence morne, comme la première fois qu’elle y avoit pénétré. C’étoit le bruit des préparatifs d’une défense, des soldats et des ouvriers qui se heurtoient en courant à leurs postes. Quand elle eut passé le portail, qu’elle eut mis derrière elle cette herse imposante dont elle avoit eu tant d’effroi, quand, en regardant autour d’elle, elle ne vit plus de murailles pour arrêter ses pas, en dépit de l’avenir, elle sentit une joie soudaine, comme celle d’un captif qui recouvre sa liberté. Cette vive émotion ne lui permettoit plus de réfléchir aux dangers qui