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CHAPITRE II.

Il est nécessaire de rapporter maintenant quelques circonstances, dont le brusque départ de Venise et la suite rapide d’événemens qui se succédèrent au château, n’avoient pas permis de s’occuper.

Le matin même de ce départ, Morano, à l’heure convenue, se rendit à la maison de Montoni, pour y recevoir son épouse. Il fut un peu surpris du silence et de la solitude des portiques, que remplissoient ordinairement les domestiques de Montoni ; mais sa surprise bientôt fit place au comble de l’étonnement, et cet étonnement à la rage, quand une vieille femme ouvrit la porte, et dit à ses serviteurs que son maître, sa famille et toute sa maison, avoient quitté Venise de très bonne heure, pour aller en Terre-Ferme. N’en pouvant croire ses gens, il sortit de sa gondole, et courut dans la salle pour en apprendre davantage. La vieille femme, qui seule avoit le soin de la maison, persista dans son histoire, et la solitude des appartemens déserts le convainquit de la vérité. Il la saisit d’un air terrible ; il sembloit en vouloir faire le premier objet de sa vengeance. Il lui fit