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commença avec une extrême précaution ; sa tante l’interrompit en lui disant qu’elle savoit tout.

Emilie savoit par elle-même qu’elle avoit peu de raisons pour aimer Montoni, mais elle ne la croyoit pas capable d’une aussi complète indifférence. Elle obtint la permission d’emmener Annette dans sa chambre, et elle s’y retira aussi-tôt.

Une trace de sang, qui marquoit le corridor, conduisoit droit à son appartement ; et sur la place où le comte Morano avoit combattu, le carreau en étoit tout couvert. Emilie frissonna, et se soutint sur Annette en y passant ; elle voulut en arrivant, puisque la porte de l’escalier avoit été ouverte, et qu’Annette étoit avec elle, examiner l’issue de cet escalier ; à cette circonstance tenoit essentiellement sa tranquillité. Annette, moitié curieuse, moitié effrayée, consentit volontiers à descendre ; mais en se rapprochant elles retrouvèrent la porte verrouillée par-dehors, et tout ce qu’elles purent faire fut de l’assurer en dedans, en y plaçant les meubles les plus lourds qu’il leur fut possible de remuer. Emilie alla se mettre au lit, et Annette resta sur une chaise près de la cheminée, où quelques charbons fumoient encore.