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non pas une censure ; elle garda fièrement le silence. Montoni, qui connoissoit toutes les nuances de son esprit, n’ignoroit pas combien son reproche lui seroit sensible, mais il étoit totalement étranger aux secours que donne une conscience pure. Il n’avoit pas prévu l’énergie de ce sentiment qui, dans ce moment émoussoit la satire, et se tournant alors vers un domestique qui entroit, il s’informa si Morano étoit parti ; l’homme répondit qu’on le transportoit sur un matelas à la chaumière voisine. Montoni parut s’appaiser ; et quand Ludovico vint annoncer que Morano étoit hors du château, il dit à Emilie qu’elle pouvoit se retirer.

Elle s’éloigna volontiers de sa présence ; mais la pensée de rester toute la nuit dans une chambre, dont la porte pouvoit s’ouvrir à tout le monde, lui fit alors plus de frayeur que jamais. Elle se détermina à frapper chez madame Montoni, et à demander qu’il lui fût permis de retenir Annette.

En approchant de la grande galerie elle entendit des voix qui sembloient disputer ; et prompte alors à s’effrayer, elle s’arrêta pour les entendre ; elle reconnut bientôt Cavigni qui étoit avec Verezzi, et l’espoir de les concilier la fit avancer aussi-tôt. Ils