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solitaire pour l’abriter pendant la nuit.

Les domestiques du comte déclarèrent qu’ils ne l’emporteroient pas, jusqu’à ce qu’il eût au moins donné quelque signe de vie. Ceux de Montoni restoient immobiles, Cavigni faisoit des représentations ; Emilie seule, supérieure aux menaces de Montoni, apporta de l’eau à Morano, et commanda aux assistans de bander sa plaie. Montoni, à la fin, sentit quelque douleur à la sienne, et se retira pour la faire visiter.

Le comte, pendant ce temps, revenoit à lui peu à peu. Le premier objet qui le frappa, lorsqu’il ouvrit les yeux, fut Emilie penchée sur lui avec l’expression d’une extrême inquiétude. Il la contempla d’un air douloureux.

J’ai mérité ceci, dit-il, mais non pas de Montoni. C’est de vous, Emilie, que je méritois une punition, et je n’en reçois que de la pitié. Il fit une pause, et ne parla qu’avec peine. Après un moment, il reprit : Il faut que je vous abandonne ; mais ce ne sera pas à Montoni. Pardonnez-moi les maux que je vous ai déjà causés. Mais pour l’infâme, sa trahison ne restera pas impunie. Emportez-moi, dit-il à ses domestiques. Je ne suis pas en état de me mettre en route. Il faut me conduire à la plus pro-