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— Je n’ai ni le temps ni le moyen d’en produire, reprit le comte.

— Et je n’aurois, monsieur, aucune volonté de les entendre.

— Vous vous jouez de ma patience et de ma peine, continua Morano. Un mariage avec l’homme qui vous adore, est-il donc si terrible à vos yeux ? Vous préférez donc tous les malheurs que vous peut réserver Montoni au fond de cette affreuse prison ? Quelqu’un, sans doute, m’enlève ces affections qui devroient m’appartenir. Non, vous ne pourriez sans cela refuser un parti qui peut vous tirer d’oppression ! Morano, en ce moment, parcourut la chambre à grands pas et dans une espèce d’égarement.

— Ce discours, comte Morano, prouve assez que mes affections ne sauroient vous appartenir, dit Emilie avec douceur. Cette conduite prouve assez que je ne serois point hors d’oppression, tant que je serois en votre pouvoir. Si vous voulez m’en détromper, cessez de m’accabler aussi long-temps de votre présence. Si vous me refusez, vous me forcerez à vous exposer au ressentiment de M. Montoni.

— Qu’il vienne, s’écria Morano en fureur ! qu’il vienne ! qu’il ose braver le mien ; qu’il ose considérer en face l’homme qu’il