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tant que moi, vous ne me feriez pas rester, j’en suis sûre.

Emilie s’apperçut qu’il y auroit de la cruauté à l’exiger : elle avoit attendu si long-temps sans recevoir d’ordres de Montoni, qu’il ne paroissoit pas avoir le dessein de la troubler si tard. Elle se détermina à congédier Annette : cependant, quand elle regarda sa triste et vaste chambre, et qu’elle se souvint de différentes choses, la crainte s’empara d’elle, et elle hésita.

— Oui, dit-elle à Annette, il seroit cruel de vous prier de rester jusqu’à ce que je fusse endormie ; je crois que cela sera long.

— Je le crois aussi, mademoiselle, reprit Annette.

— Mais avant de me laisser, dit Emilie, dites-moi, le signor Montoni avoit-il quitté le comte Morano lorsque vous êtes sortie de la salle ?

— Oh ! non, mademoiselle ; ils étoient encore ensemble.

— Êtes-vous entrée dans le cabinet de ma tante, après m’avoir quittée ?

— Non, mademoiselle, j’ai été à la porte en passant ; mais elle étoit fermée, et j’ai pensé que madame dormoit.