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— Et quel tableau ? dit Emilie, désirant de faire parler Annette.

— Oh ! ce terrible tableau avec le voile noir !

— Vous ne l’avez jamais vu ? dit Emilie.

— Qui, moi ! non, mademoiselle, jamais ; mais ce matin, continua Annette en baissant la voix et regardant autour d’elle, ce matin, comme il faisoit grand jour, vous savez, mademoiselle, que j’avois une extrême fantaisie de le voir, et que j’avois entendu de singulières choses à ce sujet, j’allai jusqu’à la porte, et je serois entrée, si je ne l’avois trouvée fermée.

— Emilie s’efforçant de lui cacher l’excès de son émotion, lui demanda à quelle heure elle avoit été à la chambre, et apprit que c’étoit peu de momens après elle. Elle fit ensuite d’autres questions, et s’assura qu’Annette, et sans doute celui qui l’avoit instruite, ignoroient l’affreuse réalité ; cependant, il se trouvoit dans ses récits des vérités mêlées à des mensonges. Emilie commença à craindre qu’on n’eût remarqué sa visite, puisque la porte avoit été fermée si peu de temps après sa sortie de la chambre ; elle frémissoit que sa curiosité n’attirât sur elle toute la vengeance de Montoni : son inquiétude se portoit aussi sur le but des