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d’invisibles nœuds l’eussent unie désormais à celui du château.

Ne précipitons rien, disoit-elle en elle-même ; à quelques maux que je me trouve réservée, j’éviterai du moins d’avoir aucun reproche à me faire.

En regardant les murailles massives de l’édifice, sa mélancolie lui représenta qu’elles enfermoient sa prison. Elle tressaillit comme à une idée nouvelle, en considérant à quelle distance elle étoit de sa patrie, de sa modeste et paisible demeure, et sur-tout de son unique ami. Qu’il étoit éloigné, l’espoir de son bonheur ! qu’elle étoit foible, l’attente de le revoir encore ! Néanmoins, l’idée de Valancourt, sa confiance parfaite dans son fidèle amour, avoient fait jusques-là sa seule consolation. Quelques larmes s’échappèrent de ses yeux ; elle se détourna pour les cacher.

Tandis qu’elle s’appuyoit sur le parapet du rempart, elle vit, à peu de distance, quelques manœuvres examinant une brèche, et devant cette brèche un amas de pierres qui sembloient destinées à des réparations. Elle vit aussi un vieux canon qui paroissoit être tombé de sa place. Madame Montoni s’arrêta pour parler à ces ouvriers, et leur demander ce qu’ils alloient faire.