tableau voilé, elle résolut de le découvrir. En traversant toutes les pièces qui y conduisoient, elle se sentit vivement troublée : les rapports de ce tableau avec la dame du château, la conversation d’Annette, la circonstance du voile, le mystère qui enveloppoit le tout, excitoient dans son ame un léger mouvement de terreur ; mais de cette terreur qui s’empare de l’esprit, qui l’élève à de grandes idées, et, par une sorte de magie, à l’objet même qui nous la cause.
Emilie marchoit en tremblant ; elle s’arrêta un moment à la porte avant de se résoudre à l’ouvrir. Elle s’avança vers le tableau, qui paroissoit d’une dimension extraordinaire, et qui se trouvoit dans un coin obscur de la chambre. Elle s’arrêta encore ; enfin d’une main timide elle leva le voile, mais elle le laissa retomber. Ce n’étoit pas une peinture qu’elle avoit vue, et avant de pouvoir quitter la chambre, elle s’évanouit sur le plancher.
Quand elle eut recouvré ses sens, le souvenir de ce qu’elle avoit vu l’en priva presque une seconde fois ; elle eut à peine la force de sortir de la chambre et de gagner la sienne. Quand elle y fut, elle n’eut pas le courage d’y rester seule. L’horreur dominoit son esprit ; elle n’éprouvoit ni le