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dre les organes troublés d’Emilie. Immobile et muette par intervalles seulement, elle poussoit un soupir, mais elle ne versoit point de larmes.

Épouvantée de son état, Annette sortit pour en informer Montoni. Il venoit à l’instant de quitter tous ses serviteurs, sans avoir pu rien découvrir. L’étonnante description que lui fit Annette l’engagea à la suivre à l’appartement d’Emilie.

Au son de sa voix, Emilie leva les yeux. Un rayon de lumière sembla éclairer son esprit, elle se leva de son siège, et se retira lentement à l’autre extrémité de la chambre. Il lui parla d’un ton en quelque manière adouci. Elle le regardoit d’un air moitié curieux et moitié effrayé, et répondoit par oui à tout ce qu’il disoit. Son esprit ne paroissoit avoir retenu qu’une impression, celle de la crainte.

Annette ne pouvoit expliquer ce désordre ; et Montoni, après de vains efforts pour engager Emilie à parler, ordonna à Annette de rester avec elle toute la nuit, et de l’informer de son état le lendemain. Après qu’il fut parti, Emilie se rapprocha ; elle demanda qui étoit celui qui étoit venu la troubler. Annette lui dit que c’étoit monsieur Montoni. Emilie, après elle, ré-