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voilé dans l’appartement du château ; mais conjecturant à l’instant qu’il cachoit le corps de sa tante poignardée, elle le saisit, et dans son désespoir, elle le tira. Derrière se trouvoit un cadavre étendu sur une couchette basse et tout inondée de sang, ainsi que le plancher ; ses traits, déformés par la mort, étoient hideux et effrayans, et plus d’une blessure livide se distinguoit sur son visage. Emilie le contempla d’un œil avide et égaré ; mais la lampe glissa de sa main, et elle tomba sans connoissance au pied de l’horrible couchette.

Quand ses sens, lui revinrent, elle étoit environnée d’hommes, et dans les bras de Bernardin qui l’emportoit au travers de la chambre : elle connut bien ce qui se passoit ; mais son extrême foiblesse ne lui permettoit ni cris ni efforts, et à peine sentoit-elle une crainte. On l’emporta par l’escalier qu’elle avoit monté ; on entra sous la voûte et on s’arrêta. Un de ces hommes, arrachant le flambeau de Bernardin, ouvrit une porte latérale, et s’arrêtant sur la plate-forme, il laissa voir un grand nombre d’hommes à cheval. Soit que la fraîcheur de l’air eût ranimé Emilie, soit que ces étranges objets lui eussent rendu le sentiment de son danger, elle parla tout-à-coup, et fit