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Emilie soulagée, à ces mots, d’une inexprimable angoisse, pria Bernardin de vouloir bien lui pardonner, et le conjura de lui faire voir sa tante.

Il s’y prêta avec moins de répugnance qu’elle ne s’y attendoit. Il lui dit que la nuit suivante, quand M. Montoni seroit au lit, si elle vouloit se rendre aux dernières portes du château, elle pourroit peut-être voir madame Montoni.

Au milieu de la reconnoissance que cette faveur lui inspiroit, Emilie crut appercevoir dans ses regards une certaine satisfaction maligne pendant qu’il prononça ces derniers mots. Dans le premier moment elle chassa cette pensée, elle le remercia de nouveau, recommanda sa tante à sa pitié, l’assura bien qu’elle le récompenseroit elle-même, et seroit exacte au rendez-vous ; ensuite elle lui souhaita le bonsoir, et se retira sans bruit dans son appartement. Il se passa du temps avant que le trouble de joie, excité dans son ame par l’avis de Bernardin, permît à Emilie de juger avec précision des dangers qui entouroient encore et madame Montoni et elle-même. Quand son agitation se calma, elle réfléchit que sa tante étoit prisonnière d’un homme qui pouvoit la sacrifier à sa vengeance ou