Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

démarche ; elle imaginoit quelquefois qu’il s’agissoit de madame Montoni ; d’autres fois, elle croyoit qu’il vouloit la prévenir d’un danger personnel. Le mystère et la précaution de Bernardin la faisaient pencher à cette dernière opinion.

À mesure que le moment approchoit, son impatience devenoit plus vive. Le soleil disparut enfin : elle entendit les sentinelles se ranger chacune à leur poste ; elle attendit Annette qui devoit l’accompagner ; et dès qu’elle fut venue, elles descendirent ensemble. Emilie témoigna quelque crainte de trouver Montoni, ou quelques-uns de ses compagnons. N’ayez point d’inquiétude là-dessus, lui dit Annette ; ils sont tous encore à tenir table, et Bernardin ne l’ignore pas.

Elles se trouvèrent à la première terrasse, et la sentinelle demanda qui passoit. Emilie répondit, et descendit au rempart oriental ; on les y arrêta encore, et après une seconde réponse, on les laissa continuer. Emilie n’aimoit point à s’exposer si tard à la discrétion de pareils hommes ; impatiente de se retirer, elle avança fort vite pour trouver Bernardin ; il n’étoit pas encore venu : elle s’appuya toute pensive sur le parapet du rempart, et attendit qu’il y parût. Les bois, la vallée, tout étoit ense-