rent. Emilie se pressa de se réfugier dans son appartement ; elle y fut poursuivie par des images horribles. La manière, les expressions de Montoni, quand il avoit parlé de sa femme, confirmoient ses plus noirs soupçons. Elle étoit absorbée dans ces sombres pensées lorsqu’elle apperçut le vieux Carlo.
Chère dame, lui dit-il, je n’ai pas encore pu m’occuper de vous. Je vous apporte du fruit et du vin ; vous devez en avoir besoin.
Je vous remercie, Carlo, dit Emilie. Est-ce le signor qui vous a fait souvenir de moi ?
Non, signora, reprit Carlo ; son Excellence a trop d’affaires pour cela.
Emilie renouvela ses questions sur le destin de madame Montoni ; mais Carlo, pendant qu’on l’enlevoit, étoit à l’autre extrémité du château, et depuis ce moment il n’en avoit rien appris.
Pendant qu’il lui parloit, Emilie le regardoit fixement, et ne pouvoit démêler si c’étoit de sa part ignorance ou dissimulation, ou crainte d’offenser son maître. Il répondit très-laconiquement à ses questions sur les débats de la veille ; mais il lui dit que les disputes étoient pacifiées, et que le signor croyoit s’être trompé en soupçonnant