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tans ouverts laissoient voir le rempart de l’ouest et les Apennins.

Le milieu de cette salle s’élevoit en dôme : la voûte s’appuyoit de trois côtés sur de lourds piliers de marbre ; de longues colonnades en partoient et s’étendoient dans l’ombre. Tous les pas des domestiques faisoient résonner les échos ; leurs figures, mal distinguées dans une sombre distance, alarmoient fort souvent l’imagination d’Emilie. Elle regardoit alternativement Montoni, ses hôtes et la salle ; elle se rappeloit sa terre natale, sa jolie maison, la simplicité, la bonté des amis qu’elle avoit perdus.

Elle observoit que Montoni gardoit avec ses hôtes un air d’autorité très-marqué. Il y avoit aussi quelque chose dans les manières des étrangers qui, sans être servile, annonçait une grande déférence.

Pendant le dîner, l’entretien ne roula que sur la guerre ou sur la politique ; on y parla de Venise, de ses dangers, du caractère du doge régnant, et des principaux, sénateurs. Quand le repas fut fini, les convives se levèrent, et chacun remplissant son verre, salua Montoni, but à ses exploits. Montoni portoit sa coupe à ses lèvres, quand soudain le vin écuma, s’enfuit par les bords, et brisa le vase en mille pièces.