Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE V.

Le lendemain matin, Emilie se rendit de bonne heure à l’appartement de madame Montoni ; elle avoit bien dormi, ses esprits s’étoient remis en même temps que ses forces, et sa résolution de résister à Montoni étoit combattue par ses craintes. Emilie, qui trembloit des conséquences, n’épargna rien pour redoubler les inquiétudes de sa tante.

Mais madame Montoni, comme on l’a déjà vu, aimoit par caractère à contredire, et quand des circonstances désagréables se présentoient à son esprit, elle cherchoit moins la vérité que des argumens pour combattre. Une longue habitude avoit tant confirmé cette disposition naturelle, qu’elle ne s’en appercevoit plus. Les représentations d’Emilie ne firent qu’éveiller son orgueil, au lieu de l’alarmer ou de la convaincre ; elle imaginoit de se soustraire à la nécessité d’obéir sur le point exigé. Si jamais elle pouvoit s’échapper du château, elle comptoit défier son époux, s’en faire séparer à jamais, et vivre dans l’aisance avec les biens qui lui restoient. Emilie partageoit son desir, mais ne s’abusoit point sur la difficulté