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— Signez ce papier, dit Montoni, vous en saurez davantage.

— Quel ennemi vient ? continua son épouse. Êtes-vous au service de l’État ? Suis-je captive, ici Jusqu’à l’heure de ma mort ?

— Cela peut arriver, répondit Montoni, si vous ne cédez point à ma demande ; vous ne quitterez pas le château que je ne sois satisfait. Madame Montoni poussa des cris affreux ; elle les suspendit néanmoins, en pensant que les discours de son mari n’étoient peut-être que des artifices pour extorquer son consentement. Elle le lui témoigna le moment d’après : elle ajouta que son but, sans doute, n’étoit pas aussi glorieux que celui de servir l’État, que probablement il s’étoit fait chef de bandits, pour se joindre aux ennemis de Venise et dévaster la contrée.

Montoni, pendant un moment, la regarda d’un air froid et terrible. Emilie trembloit, et sa femme, pour la première fois, pensoit qu’elle en avoit trop dit. Cette nuit même, lui dit-il, vous serez portée dans la tour de l’orient ; là, peut-être comprendrez-vous le danger d’offenser un homme dont le pouvoir sur vous est illimité.

Emilie se jetant à ses pieds et pleurant