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indépendante, si jamais elle se déroboit au despotisme de Montoni. Mais elle avoit alors un guide plus décisif que la raison, l’esprit de vengeance, qui la pressoit d’opposer la violence à la violence, et l’obstination à l’opiniâtreté.

Réduite à garder sa chambre, elle sentit enfin le besoin de la société qu’elle avoit rejetée ; car Emilie, après Annette, étoit la seule personne qu’il lui fût permis d’entretenir.

Généreusement dévouée à son repos, Emilie tentoit de la persuader quand elle ne pouvoit la convaincre, et s’efforçoit de modérer en elle cette aigreur dont Montoni étoit si offensé. L’orgueil de sa tante cédoit quelquefois à la voix touchante d’Emilie ; quelquefois même ses délicates attentions étoient reçues avec bienveillance.

Emilie étoit souvent le témoin des scènes les plus orageuses. Ce qui l’étonnoit surtout du caractère de Montoni, c’est que, dans les occasions importantes, il savoit contenir ses passions, toutes sauvages qu’elles étoient ; il en sacrifioit le développement aux motifs de son intérêt, et même il avoit l’air de commander à son visage.

Emilie s’informoit souvent du comte Morano. Annette ne recevoit que des rapports