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et ce fut un concert d’éloges. Montoni seul gardoit le silence.

Quand les domestiques furent sortis, la conversation devint plus libre ; le caractère irascible de Verezzi mêloit quelquefois un peu d’aigreur à ce qu’il disoit ; mais Montoni déployoit le sentiment de la supériorité jusques dans ses regards et dans ses manières. Un d’eux imprudemment vint à nommer de nouveau Morano : en ce moment Verezzi, échauffé par le vin, et sans égards aux signes que lui faisoit Cavigni, donna mystérieusement quelques lumières sur l’incident de la veille. Montoni ne parut pas le remarquer : il continua de se taire, sans montrer aucune émotion. Cette apparente insensibilité ne faisant qu’augmenter la colère de Verezzi, il redit enfin le propos de Morano sur ce que le château ne lui appartenoit pas légitimement, et sur ce que volontairement il ne lui laisseroit pas un autre meurtre sur la conscience.

Serai-je insulté à ma table, et le serai-je par mon ami, dit Montoni pâle de fureur ? Pourquoi me répéter les propos d’un insensé ? Verezzi, qui s’attendoit à voir le courroux de Montoni se tourner contre Morano, regarda Cavigni d’un air surpris, et Cavigni jouit de sa confusion. Auriez-vous