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rèrent son attention : elle exprimoit une fierté sauvage, une sorte de férocité noire, et pourtant maligne ; elle se sentit soulevée d’horreur. Ce caractère se lisoit si facilement dans les traits de cet inconnu, qu’un seul coup-d’œil l’imprima dans sa mémoire : elle avoit passé très-vite, et à peine avoit-elle un instant levé sur tout ce groupe un seul regard timide. Dès qu’elle fut au bout de la terrasse elle se retourna, et vit les étrangers à l’ombre de la tourelle, qui la considéroient avec soin, et indiquoient par tous leurs gestes un entretien fort animé. Elle sortit du rempart, et se retira chez elle.

Montoni soupa fort tard et s’entretint avec ses hôtes dans le salon de Cèdre, enflé de son triomphe récent sur Morano : il vida souvent son verre et s’abandonna sans mesure aux plaisirs de la table et de la conversation. La gaîté de Cavigni sembloit, au contraire, gênée par l’inquiétude : il attachoit ses regards sur Verezzi qu’il avoit eu peine à contenir jusqu’alors, et qui vouloit toujours faire part à Montoni des dernières insultes du comte.

Un des convives revint à l’événement de la précédente soirée : les yeux de Verezzi étincelèrent ; ensuite on parla d’Emilie