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le comte à sa manière. Il est certain, dit-elle, que sa conduite étoit fort incivile : entrer la nuit dans la chambre d’une demoiselle ! et quand on s’en voit mal reçu, persister à n’en point sortir ! et quand le maître du château survient, l’envoyer promener, courir après lui, tirer l’épée, jurer qu’on la lui passera au travers du corps ! Voilà bien certainement une conduite fort incivile ; mais alors l’amour l’aveugloit, et il ne savoit plus ce qui se passoit autour de lui.

C’en est assez, Annette, dit Emilie, qui alors sourioit sans effort. Annette revint à parler de la désunion de Montoni et de son épouse. Cela n’est pas nouveau, dit-elle : nous avons vu et entendu tout cela dès Venise, mademoiselle, quoique jamais je ne vous en aie parlé.

— Vous avez très-bien fait, Annette ; il étoit fort prudent de se taire : conservez cette prudence maintenant ; ce sujet ne m’est point agréable.

— Ah ! ma chère demoiselle ! voir quelle considération vous gardez pour des personnes qui s’occupent si peu de vous ! Je ne puis supporter de vous voir dupe à ce point ; je dois vous le dire, mais c’est uniquement pour votre intérêt, et non pour nuire à