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et de mépris. À peine se vit-elle seule, qu’elle céda aux pénibles réflexions que lui faisoit naître l’état de sa tante. La conversation de Valancourt avec l’Italien lui revint encore dans la tête : ses ouvertures relativement à la fortune de Montoni se trouvoient alors justifiées ; celles qui regardoient son caractère, paroissoient ne l’être pas moins ; mais les circonstances particulières qui se lioient à la réputation de Montoni, et qu’avoit effleurées l’Italien, rien encore ne les expliquoit. Sa propre observation, les paroles du comte Morano, l’avoient bien convaincue que la fortune de Montoni répondoit mal aux apparences, et pourtant le discours de sa tante la frappoit encore d’étonnement. Elle voyoit le faste de Montoni, le nombre de ses valets, ses dépenses nouvelles pour les fortifications ; la réflexion augmenta ses incertitudes sur le sort de madame Montoni et le sien. Plusieurs des assertions de Morano, qui la nuit précédente lui paroissoient dictées par l’intérêt ou par le ressentiment, se retracèrent à sa mémoire avec la force de la conviction : elle ne pouvoit douter que Montoni ne l’eût promise au comte pour un prix pécuniaire. Son caractère, ses besoins, confirmoient cette opinion, et tout annonçoit bien qu’on