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un homme d’importance ; je lui croyois de grandes propriétés. Autrement l’aurois-je épousé ? ingrat, perfide mortel ! Elle s’arrêta pour respirer.

— Ma chère tante, calmez-vous, dit Emilie ; M. Montoni est peut-être moins riche que vous n’aviez sujet de le croire, mais certainement il n’est pas pauvre. Ce château, la maison de Venise sont à lui. Puis-je vous demander quelles sont les circonstances qui vous affligent plus particulièrement ?

— Quelles circonstances, s’écria madame Montoni en colère ! quoi, cela n’est-il pas suffisant ? Depuis long-temps ruiné au jeu, il a encore perdu tout ce que je lui avois donné ; il prétend aujourd’hui que je lui livre mes contrats. Il est heureux pour moi que la plus grande partie de mes biens se trouve tout entière à mon nom : il veut les fondre aussi, et se jeter dans un infernal projet, dont lui seul peut comprendre l’idée ; et… et… tout cela n’est-il pas suffisant ?

— Assurément, dit Emilie ; mais rappelez-vous, madame, que je l’ignorois absolument.

— Et n’est-il pas bien suffisant, reprit sa tante, que sa ruine soit absolue, qu’il