Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ma chère demoiselle, reprit Annette en regardant Emilie, pourquoi donc pâlissez-vous ? Vous vous trouvez incommodée ?

— Non, Annette, je me trouve fort bien ; mais je n’ai aucun desir de voir ce tableau, vous pouvez aller dans la salle.

— Quoi ! mademoiselle, ne pas voir la dame du château, la dame qui disparut si étrangement ? Oh bien ! pour moi, j’aurois franchi toutes les montagnes pour voir un semblable portrait. Pour vous dire au fond ce que je pense, il n’y a que cette histoire singulière qui puisse me soutenir dans ce vieux château, et pourtant d’y penser je sens que je frissonne.

— Vous, Annette, vous aimez le merveilleux ; mais savez-vous que, si vous n’y prenez garde, vous en viendrez à toutes les misères de la superstition ?

Annette auroit pu sourire à son tour de la sage remarque d’Emilie. Emilie trembloit aussi bien qu’elle aux terreurs les plus idéales, et prenoit un ardent intérêt aux circonstances mystérieuses de cette histoire. Annette la pressa de nouveau.

— Êtes-vous sûre que c’est un tableau ? dit Emilie. L’avez-vous vu ? est-il voilé ?

— Sainte vierge Marie ! mademoiselle,