les torts dont elle avoit à se plaindre.
Pendant qu’elle se promenoit ainsi sur le rempart, Annette parut à la porte de la salle, et regardant avec précaution, s’avança pour la joindre.
— Ma chère demoiselle, je vous cherche dans tout le château, dit-elle : si vous voulez me suivre, je vous montrerai un tableau.
— Un tableau ! s’écria Emilie en frémissant.
— Oui, mademoiselle, un portrait de l’ancienne dame de ce château. Le vieux Carlo vient de me dire que c’étoit elle, et je pensois que vous seriez curieuse de la voir. Quant à ma maîtresse, vous savez, mademoiselle, qu’on ne peut pas lui parler de cela.
— Ainsi, dit Emilie, vous en parlez donc à tout le monde ?
— Oui, mademoiselle ; que faire ici, à moins que d’y parler ? Si j’étois dans un cachot, et qu’on me laissât parler, ce seroit du moins un peu de consolation : oui, je voudrois parler, quand ce ne seroit qu’aux murailles. Mais, venez, mademoiselle, ne perdons point de temps, il faut que je vous montre le tableau.
— Est-il voilé, dit Emilie après un moment de silence ?