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avoit dit que ses projets ne pouvoient se concevoir, mais qu’ils étoient terribles. Pendant qu’il le disoit, elle avoit presque imaginé qu’il le faisoit à dessein de la déterminer à implorer sa protection ; mais ces assertions lui avoient fait une impression profonde. Le caractère, la première conduite de Montoni, n’étoient pas propres à l’effacer. Elle essaya de réprimer son penchant à anticiper sur les malheurs : elle se détermina à respirer quelques momens, puisque l’objet de ses craintes actuelles se trouvoit enfin écarté. Pour en éloigner la pensée, elle chercha ses crayons, se mit à une fenêtre, et contempla le paysage pour y choisir un point de vue.

Ainsi occupée, elle reconnut sur les remparts les hommes nouvellement arrivés au château. La vue de ces étrangers la surprit, mais plus encore leur extérieur. Il y avoit une singularité dans leur costume, une fierté dans leurs regards, qui captiva son attention. Elle se retira de la fenêtre pendant qu’ils passoient au-dessous ; mais elle s’y remit pour les mieux observer. Leurs figures s’accordoient si bien avec l’aspérité de toute la scène, que pendant qu’ils regardoient le château elle les dessinoit en bandits et les plaça dans son tableau. Quand il fut ter-