Montoni s’enferma avec eux pendant près d’une heure. On fit ensuite appeler Carlo ; on lui ordonna de conduire les étrangers à des chambres, destinées jadis aux officiers de la maison, et de leur procurer les rafraîchissemens nécessaires. Quand il eut exécuté cet ordre, Carlo revint auprès de son maître.
Pendant ce temps, le comte se trouvoit sous le chaume, dans les forêts de la vallée, accablé d’une double souffrance, et méditant une vengeance profonde contre Montoni. Son serviteur, qu’il avoit dépêché à la ville la plus voisine, qui étoit encore fort éloignée, ne revint que le lendemain avec un chirurgien. Le docteur refusa de s’expliquer avant d’avoir suivi les progrès de la blessure ; il fit prendre au malade une potion calmante, et resta près de lui pour juger de son effet.
Emilie, tout le reste d’une nuit si troublée, avoit cependant dormi en repos. À son réveil elle se rappela qu’enfin elle étoit délivrée des persécutions de Morano ; elle se sentit soulagée subitement d’une grande partie des maux qui, depuis long-temps, pesoient sur elle. Tout ce qui l’affligeait encore, venoit des ouvertures qu’avoit jetées Morano sur les vues de Montoni ; il