Le vieux Carlo, pendant ce temps, avoit surpris deux domestiques de Morano ; ils avoient eu ordre d’attendre avec la voiture dehors des murs ; ils se communiquoient leur surprise du départ subit et secret de leur maître. Le valet-de-chambre ne leur avoit confié du dessein de Morano que ce qu’ils en dévoient exécuter : cependant ils formèrent des soupçons, ils s’amusèrent à s’en faire part, et Carlo en tira d’exactes conséquences. Avant de hasarder sa découverte auprès de Montoni, il s’efforça d’en recueillir d’autres renseignemens ; il se plaça, pour cet effet, avec un de ses camarades, à la porte du corridor d’Emilie : il n’y fut pas long-temps inutilement, quoique les aboiemens du chien eussent une fois pensé le découvrir. Bien assuré que Morano étoit dans la chambre, il avoit écouté une partie de la conversation, et certain de ses projets, il fut donner l’alarme à Montoni, et décida ainsi la délivrance d’Emilie.
Montoni le lendemain fut comme à l’ordinaire ; il avoit seulement le bras soutenu par une écharpe : il fit le tour des remparts, et visita ses ouvriers : il en demanda un plus grand nombre, et revint au château, où des nouveaux-venus l’attendoient. On les mena dans un appartement séparé, où