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le sourire du mépris, refusa de l’écouter. Je ne me fie, lui dit-elle, aux protestations de personne : je juge les gens par leurs actions, et je veux essayer votre conduite à l’avenir.

Emilie, moins surprise de la modération et du silence mystérieux de sa tante, qu’elle ne l’avoit été de l’accusation, y réfléchit profondément, et ne douta plus que ce ne fût Valancourt qu’elle avoit vu la nuit dans les jardins de la Vallée, et que madame Chéron pouvoit bien avoir reconnu. Sa tante, ne quittant un sujet pénible que pour en traiter un qui ne le devenoit pas moins, parla de M. Motteville, et de la perte énorme que sa nièce faisoit avec lui. Pendant qu’elle raisonnoit, avec une pitié fastueuse, des infortunes qu’éprouvoit Emilie, elle insistoit sur les devoirs de l’humilité, sur ceux de la reconnoissance ; elle faisoit dévorer à sa nièce les plus cruelles mortifications, et l’obligeoit à se considérer comme étant dans la dépendance, non-seulement de sa tante, mais de tous les domestiques.

On l’avertit alors qu’on attendoit beaucoup de monde à dîner, et madame Chéron lui répéta toutes les leçons du soir précédent, sur sa conduite dans la société ; elle