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son. Il y avoit quelque chose de mystérieux dans les visites d’Orsino ; Emilie en étoit encore plus alarmée que surprise : elle avoit involontairement découvert dans son caractère ce qu’il s’efforçoit d’y cacher. Montoni, après ses visites, étoit quelquefois plus pensif que de coutume ; quelquefois ses profondes rêveries l’isoloient de tout ce qui l’entouroit, et jetoient sur sa figure un nuage qui la rendoit terrible. Une autre fois ses yeux sembloient lancer des étincelles, et toute l’énergie de son ame sembloit réunie pour quelque formidable entreprise. Emilie démêloit, avec un extrême intérêt le caractère de ses pensées ; mais elle se garda bien de témoigner à madame Montoni ou ses craintes ou ses observations, et madame Montoni ne remarquoit alors dans son époux que son ordinaire sévérité.

Une seconde lettre de M. Quesnel annonça son arrivée et celle de sa femme à Miarenti : elle contenoit quelques détails sur le heureux hasard qui le conduisoit en Italie, et finissoit par une pressante invitation pour Montoni, son épouse et sa nièce, de le visiter dans sa nouvelle possession.

Emilie reçut, à-peu-près dans le même temps, une lettre bien plus intéressante, et qui, pour quelque-temps, adoucit l’amer-