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au fond des abîmes. Au-dessus d’eux, la voûte brillante des cieux n’étoit ternie d’aucun nuage ; les tourbillons de vapeurs s’arrêtoient au milieu des montagnes, leur rapide mouvement voiloit parfois tout le pays, et d’autres fois dégageant quelques parties, laissoit à l’œil quelques momens d’observation. Emilie transportée, considéroit la grandeur de ces nuages qui varioient leur forme et leurs teintes. Elle admiroit leur effet sur les contrées inférieures, auxquelles ils donnoient à tout moment mille formes nouvelles.

Après avoir ainsi voyagé quelques lieues, ils commencèrent à descendre en Roussillon ; et la scène qui s’ouvrit, déployoit une beauté moins âpre. Les voyageurs ne voyoient pas sans regret les objets imposans qu’ils alloient abandonner. Quoique fatigué de ces vastes aspects, l’œil se reposoit complaisamment sur la verdure des bois et des prairies ; la rivière qui les arrosoit, la chaumière qu’ombrageoit les hêtres, les groupes joyeux des jeunes pâtres, les bouquets de fleurs qui paroient les coteaux, formoient ensemble un spectacle enchanteur.

En descendant, ils reconnurent un des grands passages des Pyrénées en Espagne ;