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et la considération lui étoient connus ; sa réserve en fut moins grande, et Valancourt ayant accepté l’offre avec plaisir, ils reprirent la route qui conduisoit en Roussillon.

Ils voyageoient sans se presser, et s’arrêtoient quand le site méritoit leur attention ; ils grimpoient souvent à des éminences que les mules ne pouvoient atteindre ; ils s’égaroient dans ces roches, couvertes de lavande, de thym, de genièvre, de tamarin, et perdues sous d’antiques ombrages ; une échappée de vue ravissoit Emilie, et surpassoit les merveilles de la plus vive imagination.

Saint-Aubert s’amusoit quelquefois à herboriser, tandis qu’Emilie et Valancourt couroient après quelques découvertes. Valancourt lui faisoit remarquer les objets particuliers de son admiration, et récitoit les plus beaux passages des poètes latins ou italiens qu’elle aimoit. Dans les intervalles de la conversation et quand on ne l’observoit pas, il fixoit ses regards sur cette figure, dont les traits animés indiquoient tant d’esprit et d’intelligence. Quand il parloit ensuite, la douceur de sa voix décéloit un sentiment qu’il prétendoit en vain cacher. Par degrés les pauses et le