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linge pour lui faire un bandage. Le sang fut arrêté ; mais Saint-Aubert redoutant les suites, demanda plusieurs fois si l’on étoit bien loin de Beaujeu : il apprit qu’on avoit encore deux lieues ; sa frayeur augmenta. Il ignoroit comment Valancourt pourroit supporter la voiture, et le voyoit tout prêt à s’évanouir. À peine Valancourt eut-il connu son inquiétude, qu’il s’empressa de le rassurer : il parla de son accident comme d’une bagatelle. Le muletier avoit ramené le cheval, il plaça Valancourt dans la voiture, Emilie s’étoit remise, et l’on reprit le chemin de Beaujeu.

Saint-Aubert, revenu de sa terreur, exprima sa surprise sur la rencontre de Valancourt ; mais celui-ci la fit cesser. Vous avez, monsieur, lui dit-il, renouvelé mon goût pour la société ; depuis que vous l’avez quitté, mon hameau me semble un désert ; et puisqu’en voyageant le plaisir est mon unique but, je me suis déterminé à partir sur-le-champ. J’ai pris cette route, parce que je la savois plus agréable que toute autre ; et d’ailleurs, ajouta-t-il en hésitant un peu, je l’avouerai (pourquoi ne l’avouerois-je pas ?) j’avois quelque espoir de vous rejoindre.

J’ai cruellement répondu à votre honnê-