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sang couloit en abondance, il paroissoit souffrir beaucoup, quoiqu’il cherchât à consoler Saint-Aubert, en l’assurant que ce n’étoit rien, et qu’il n’étoit blessé qu’au bras. Saint-Aubert et le muletier le descendirent de cheval, et le posèrent à terre ; Saint-Aubert voulut bander sa blessure, mais ses mains trembloient tellement, qu’il n’y put réussir. Michel poursuivoit le cheval qui s’étoit échappé en perdant son maître ; il appela Emilie. Ne recevant point de réponse, il courut à la voiture, et la trouva sans connoissance. Dans cette affreuse position, et pressé par la douleur de laisser Valancourt perdre son sang, il s’efforça de la soulever, il appela Michel, et lui demanda de l’eau du ruisseau qui bordoit la route. Michel avoit couru trop loin ; mais Valancourt, entendant le nom d’Emilie, comprit son accident, et s’oubliant presque lui-même, vint aussi-tôt à son secours : déjà elle étoit revenue, quand il fut auprès d’elle ; il sut que sa crainte pour lui avoit causé cet accident, et d’une voix troublée par un autre sentiment que celui de la douleur, il l’assura que sa blessure étoit peu de chose. Saint-Aubert s’apperçut alors que pourtant elle saignoit encore ; ses alarmes changèrent d’objet, il déchira son