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éclairés à une grande distance. Il était sûr que c’étoit un grand feu, mais rien n’indiquoit s’il étoit accidentel, ou préparé. Saint-Aubert le crut allumé par quelques troupes de ces bandits qui infestent les Pyrénées ; il étoit attentif, et desiroit savoir si la route passoit près de ce feu. Il avoit des armes qui pouvaient le défendre au besoin ; mais qu’étoit-ce qu’une si foible ressource contre une bande de voleurs aussi déterminés ? Il réfléchissoit à ce sujet, quand une voix s’éleva derrière eux, et commanda au muletier d’arrêter. Saint-Aubert lui ordonna d’avancer plus vite ; mais, soit par l’entêtement de Michel, soit par celui des mules, elles ne se pressèrent pas davantage : on entendit les pieds d’un cheval, un homme atteignit la voiture, et commanda qu’on arrêtât. Saint-Aubert ne doutant plus de son dessein, arma son pistolet, et tira par la portière : l’homme chancela sur son cheval, le bruit du coup fut suivi d’un gémissement, et l’on peut imaginer l’effroi de Saint-Aubert, qui crut reconnoître alors la voix plaintive de Valancourt. Il fit arrêter lui-même, prononça le nom de Valancourt, et ne put conserver aucun doute. Saint-Aubert courut à son secours. Il étoit encore sur son cheval ; son