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au fond du vallon, et se répétèrent dans son ruisseau. La nature s’éveilloit de la mort à la vie ; Saint-Aubert se sentit ranimé, son cœur étoit plein, il versa des larmes, et éleva ses pensées vers le créateur de toutes choses.

Emilie voulut descendre, et fouler ce gazon tout humide de rosée ; elle vouloit goûter cette liberté dont le chamois sembloit jouir sur la crête brune de ces montagnes. Valancourt s’arrêtoit avec les voyageurs, et leur montroit avec sentiment les objets particuliers de son admiration. Saint-Aubert s’attachoit à lui. Le jeune homme est ardent, il est bon, se disoit-il ; on voit bien qu’il n’a jamais habité Paris.

Ce ne fut pas sans chagrin qu’il se vit arrivé à l’endroit où les deux chemins se rencontroient ; il prit congé de lui avec plus d’affection qu’une si nouvelle connoissance ne le permet ordinairement. Valancourt causa long-temps près de la voiture ; il étoit au moment de s’en aller, et pourtant il restoit encore ; il cherchoit des sujets d’entretien qui l’excusassent de le prolonger. À la fin, il prit congé ; et quand il partit, Saint-Aubert observa de quel air attentif et occupé il contemploit Emilie ; elle le salua avec une douceur timide, la voiture partit,